
Du 27 aout au 4 septembre 2022 une quinzaine de jeunes adultes de France, d’Arménie et d’Allemagne se sont retrouvé-e-s dans la région de Briançon dans les Alpes françaises pour vivre une semaine ensemble forte en émotions avec un programme éclectique tourné vers la découverte de la région et de ses différentes facettes, l’échange entre les cultures et la randonnée.
Après deux longues années de frontières européennes fermées aux pays hors-Europe comme l’Arménie pour cause de sécurité sanitaire, le Centre Français de Berlin et son partenaire français UCJC Alsace (YMCA France) ont enfin pu retravailler main dans la mais avec leur partenaire arménien YMCA Spitak et redonner la dimension trinationale à l’échange « Living Nature » qui s’était poursuivi deux années durant en franco-allemand.
L’échange a donc pris place dans le décor idyllique de la vallée du briançonnais, en flancs de Montagne hautes de plus de 2000 mètres, non loin du Montgenèvre, à la frontière avec l’Italie, très connu pour ses pistes de ski et moins bien pour ses passages dangereux pour des personnes migrantes tentant leur chance pour la France.
L’idée du projet cette année était d’offrir aux participant-e-s un cadre de rencontre bienveillant, des activités de connaissances et linguistiques ludiques mais aussi de leur fournir tout un tas d’impressions diverses sur la région et sa culture, ce dont elle recèle en terme de nature et de projets liés à celle-ci mais aussi d’apporter une réflexion critique sur une zone frontalière et des réalités migratoires peu ou pas connues.
Ainsi nous avons commencé par aller récupérer des vélos de seconde main dans une association, récupérés et remis en forme par des bénévoles, et qui nous ont servis à nous déplacer librement pour les temps libres et certaines activités. Un véritable highlight et une bonne dose d’émotions pour les participantes arméniennes qui pour la plupart utilisaient un vélo pour la première fois à leur âge adulte. Pour certaines l’idée d’empowerement véhiculée par le vélo et sa pratique a même pu fleurir et des idées de projets ultérieurs en Arménie ont été discutées. Muni-e-s de nos bolides nous avons ainsi pu nous rendre à la fête médiévale de Briançon durant laquelle les participant-e-s ont effectué un rallye qui remontait littéralement le temps. Nous avons aussi pédalé jusqu’à la ferme du Pra-Dory afin de donner un bon coup de mains à Stefano et son équipe pour des travaux de jardinage sur le projet de maraichage bio et local, une occasion en or d’en apprendre plus sur la région et ses dynamiques et de passer un moment en dehors du temps au rythme du travail et de la nature.
Enfin nous avons tenu à accorder un moment à la thématique du mouvement et de la migration qui bon gré, mal gré fait partie du paysage briançonnais. Afin de préparer la présentation au groupe de l’association « Tous migrants » qui rassemble des accompagnateurs/-trices montagne engagé-e-s qui aident les migrant-e-s à arriver en vie à Briançon après leur passage de la frontière en pleine montagne et fournit un travail d’accompagnement et d’intégration bénévole ; nous avons voulu permettre au groupe de s’interroger sur la notion de « mouvement » sous la forme d’un brainstorming suivi d’un débat tournant, un thème à la fois transversal à notre échange tourné autour de la randonnée mais aussi fertile pour interroger la migration. Ainsi nous sommes partis du terme mouvement et avons laissé le groupe dégager les grands thèmes qui lui paraissaient connecté au sujet. Ensuite des groupes trinationaux ont été formés afin de réfléchir ensemble aux thématiques suivantes : « opportunités du mouvement » ; « besoins liés au mouvement » ; « limites du mouvement ».
Cette méthode a suscité des discussions très intéressantes, d’autant plus que nous avions la chance d’avoir des personnes migrantes basées à Briançon dans le groupe français. Un effet non calculé était aussi que pour les arméniens, qui dans leur capacité de mouvement sont quelque peu limités et qui vivent une guerre depuis plus de vingt ans avec leur voisin l’Azerbaïdjan, la confrontation des idées avec de jeunes personnes de l’Union Européenne leur a permis de relativiser certains fantasmes car ils ont pu se rendre compte que même étant originaires de pays privilégiés comme la France ou l’Allemagne, les personnes à un niveau subjectifs sont traversées par les mêmes besoins, blocages, peurs, incompréhensions etc en matière de mouvement.
Pour terminer, le moment fort de la rencontre était une randonnée de deux jours le long des Alpes accompagné par nos deux fidèles chevaux Quenotte et Bounty qui ont eu l’amabilité de porté nos sacs et les victuailles pour nous. Des paysages à coupé le souffle, des moments de partage linguistique et de rigolade et l’occasion d’organiser un atelier de danse sur un plateau à 2000 mètres pour finir sur une soirée conviviale dans un joli refuge aux allures de chalet familial.