
Octobre 2023, Berlin, à proximité de l’ancien aéroport Tempelhof. Il fait froid et gris.
Pourtant, naviguant d’une manière peu assurée au milieu de la rue, une multitude de petits soleils illuminent la fin d’après-midi de leurs rires aigus. C’est un groupe d’enfants, les plus jeunes juchés dans un caddie trouvé au hasard d’un chemin retour, les plus âgés les poussant dans un joyeux brouhaha de langages multiples.
Chacun de ces enfants est un réfugié. Mais ce qui leur importe là, tout de suite, c’est qu’ils reviennent d’un moment très amusant, d’un petit parc d’attraction où ils ont combattu un dragon gonflable, surmonté des montagnes d’obstacles et descendu des toboggans, traversé des mers entières de boules en plastique et qu’ils font le chemin du retour dans un caddie enfourché sur un coup de tête, en pleine rue.
Ce qui est important, aussi, c’est que c’est normal. Et que c’est agréable. Et qu’ils s’en rappelleront longtemps. Du moins, c’est ce que nous espérons, mon tuteur de l’association Spreeflanke et moi. Car c’est notre travail. Fournir, au travers de sports et de sorties culturelles et divertissantes, un environnement sain, des expériences joyeuses, qui resteront dans la mémoire de ces enfants qui ont déjà, pour beaucoup, traversé bien plus d’épreuves que pas même un adulte ne devrait vivre. Leur fournir un accompagnement, un cadre, et des moments de bonheur, comme celui qu’ils traversent, sur ce caddie, en plein milieu d’un Berlin qui essaie d’accueillir leurs histoires tant bien que mal.
Ce moment m’en rappelle d’autres, vécus avec ma famille et des amis, et l’un des enfants, tout à l’heure, s’est renseigné sur le prix d’entrée du parc, probablement déterminé à y retourner avec ses proches. Car, oui, ces enfants savent déjà que les choses ont un prix. Que pour eux, ces sorties sont l’exception, et pas la règle. Mais c’est notre travail de changer ça. Nous, et bien d’autres associations, dans Berlin, en Allemagne, dans le monde, qui font de leur mieux pour aider les autres et fournir à chacun des souvenirs précieux dont l’on se souviendra, longtemps après.
Ce n’est pas un métier facilement quantifiable, mais je vous assure qu’un sourire, une preuve de confiance, un cri de joie partagé lorsqu’une équipe marque, ce sont des résultats bien tangibles. Et quand je constate que certains de ces enfants s’engagent eux-mêmes dans ces associations en grandissant, comme c’est le cas chez Spreeflanke, je me dis que oui, ils s’en souviendront.
Mon expérience dans ce stage est remplie de ces instants précieux. Je remercie mon tuteur Georges de m’avoir montré son incroyable travail, le CFB et Sylvie pour l’accompagnement, et UTC pour cette opportunité et expérience. Merci à tout le personnel de Spreeflanke pour leur accueil, et de faire rayonner un peu plus de soleil dans cette belle ville qu’est Berlin.
Article par Adam ALAOUI, dans le cadre d’un stage de mobilité internationale avec Une Terre Culturelle et l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse, chez l’association Spreeflanke, sous la supervision du Centre Français de Berlin.